Le paysan qui nourrit les hommes ne devrait connaître ni la faim ni mourir dans la pauvreté. Et pourtant c’est ce qui arrive dans les 80% des cas : le paysan vit pauvre, meurt pauvre. Ainsi le métier d’agriculteur est directement associé à la précarité, à la misère et la personne du paysan est traitée sans égard. Et pourtant, il ne devrait pas en être ainsi. Il est inévitable que le paysan qui nourrit le monde crève de faim si certaines réalités sont vraies de lui. Dans cet article, nous donnerons 5 raisons pour lesquelles le paysan qui nourrit le monde meurt lui-même de faim.
L’agriculteur meurt de faim parce qu’il n’utilise que des connaissances empiriques. Il se contente de gratter la terre comme il a vu faire depuis toujours. Or, l’agriculture est une science et les connaissances pratiques et utiles existent pour améliorer la pratique agricole. Cependant, on ne peut pas lui attribuer l’entière responsabilité de ce qu’il n’a pas accès à l’appui technique nécessaire à son travail. A défaut de l’encadrement, de l’appui-conseil et de la formation, que fera-t-il ? Qui doit encadrer ? Qui doit suivre ? Qui doit former ? Certainement les acteurs étatiques et ceux non étatiques ! Ces derniers rendent-ils s’attèlent-ils à cette tâche ? Pas évident !
L’agriculteur meurt de faim parce qu’il ne se contente que d’une ou de quelques deux cultures et c’est tout. Sa production est rarement diversifiée. Du point de vue de la production végétale, il fait peut-être le maïs et le manioc et il s’arrête là. Beaucoup se disent producteurs agricoles en ne faisant que ça et ils restent absents au niveau des nombreuses autres possibilités qui existent ; en production animale, n’en parlons pas. Pire encore, certains ne jurent que par les cultures industrielles (coton, cacao et autres) et ignorent pratiquement les vivrières. Lorsqu’ils vendent leurs productions (industrielles), ils ramassent cet argent pour aller acheter ce qu’il faut manger de la même manière que le font les autres qui ne sont pas des agriculteurs. Ces paysans ne feront que galérer !
Le paysan mourra dans la pauvreté parce qu’il est avare vis-à-vis de la nature et de la terre qu’il cultive. La vie nous enseigne de très simples et précieux principes. Quelqu’un ou quelque chose ne produit un rendement qu’en fonction de ce qu’on lui a auparavant apporté. En tout cas, dans bien des cas c’est ainsi. Le paysan souhaite engranger d’abondantes récoltes dans ses champs mais il ne fait rien pour nourrir la terre sur laquelle poussent ses cultures. Il laisse à la maison des ordures, des déchets et autres matières organiques que lui réclament ses terres qui en sont dépourvues. Et ils installent des champs de pauvreté ou trouvent plus commode de s’abonner aux seuls engrais chimiques.
Tout le monde sait que c’est une approche désastreuse pour lui-même, ses terres et ses cultures ; les engrais chimiques (d’ailleurs peu conseillés) ne peuvent fonctionner que sur des terres chargées de matières organiques ; encore qu’une terre bourrée de manières organiques n’a que foutre des engrais de synthèse. S’il veut que la terre le nourrisse, il doit être très généreux vis-à-vis d’elle ; est-ce compliqué ?
Le producteur agricole crève de faim et végète dans le manque parce qu’il fait la guerre à son environnement en refusant, par exemple, de planter des arbres ou en s’acharnant contre son couvert végétal. Il fait la guerre à l’arbre, il fait la guerre à la forêt ; il ne sait pas que l’arbre et la forêt sont des trésors utiles pour ses terres, pour lui-même et pour les animaux qu’il peut élever. Si le paysan n’inscrit ses activités que dans l’immédiateté, c’est certain qu’il pleurera plus tard. La vie, ce n’est pas seulement le présent mais également demain et après demain. Donc, les cultures pérennes bien choisies adaptées aux réalités actuelles des changements climatiques comptent aussi et comptent beaucoup.
L’agriculteur croupit dans la misère parce qu’il est allergique à l’effort d’épargne. Oui, il doit épargner, puis investir, investir pour fructifier ! C’est ça vivre. Lorsque le paysan bouffe tout ou gaspille ses ressources dans des futilités, c’est qu’il a opté pour une vie de galère.
Le métier d’agriculteur est un métier noble mais qui, comme tout ce qui s’entreprend sous le ciel, a besoin d’énergie, de savoir-faire et de discipline !
Gigo Clément SAGBOHAN