En cette année 2020, le Bénin vit une autre facette des changements climatiques. Les bouffées de chaleur intense et la longue sécheresse ont majestueusement remplacé la grande saison des pluies qui, en temps normal, devrait s’étendre d’avril à mi-juillet.
C’est quand c’est devenu si drastique que tout le monde se met à crier et à demander au gouvernement de « faire quelque chose » pour éviter une probable famine. Or depuis près de trente ans, les effets des changements climatiques se font sentir et vécus ici, au Bénin, dans l’indifférence presque de tous. Oui, nous avons bien dit « depuis près de trente ans » ! C’est ainsi… Sinon, depuis quand avons-nous pu avoir nos quatre saisons annuelles bien échelonnées dans le temps comme il y a cinquante ans, ici au Sud-Bénin ? Et en ce qui concerne le Nord-Bénin, depuis combien de temps les deux saisons annuelles respectent-elles, chacune, son couloir ? Depuis quand avez-vous vu la mousson entre la mi-juillet et début septembre (période de la petite saison sèche) comme cela était le cas il y a des décennies en arrière ? Depuis quand avez-vous vécu l’harmattan qui s’installait auparavant début décembre et dictait sa loi jusqu’à fin janvier ? Ne voyez-vous pas depuis des années des inondations surprenantes qui surviennent après de très fortes précipitations qui se déversent en bloc sur la terre alors que personne ne les espérait ? N’observez-vous pas depuis des années des poches de sécheresse se créer au cœur même de la période dite des pluies ?
Le climat est détraqué, les saisons sont bouleversées. Si ce n’est pas les trop longues sécheresses, ce sont les fortes et violentes pluies accompagnées d’inondations suicidaires avec des terres érodées, dénudées et dégradées. Si ce n’est pas cela, ce sont les canicules qui étouffent l’humain, l’animal et le végétal … Ne vivez-vous pas ces choses depuis des décennies ? Si oui, c’est ça les changements climatiques !
Malheureusement, ici, dans ces pays africains, on fait comme si de rien n’était. On se bat, on magouille pour prendre part à des colloques, à des conférences internationales sur le climat, puis après, rien ! Tout porte à croire dans ces pays africains que c’est avec les discours creux et des spéculations stériles que les effets des changements climatiques peuvent être amortis. Et, voir nos gouvernants, nos experts, nos climatologues, nos institutions de recherches agronomiques, nos scientifiques parler aujourd’hui de l’agriculture sans tenir compte de la réalité des changements climatiques horrifie ! C’est suicidaire que les gouvernants n’évoquent les « changements climatiques » que pour orner les discours alors que depuis bien longtemps les paysans sont désemparés.
Oui, les paysans sont désemparés et ce qui est affreux c’est qu’on les laisse chanter la litanie habituelle reprise par beaucoup : « Les saisons sont déréglées du fait des faiseurs de pluies, du fait des travaux de construction des voies, du fait des organisateurs des cérémonies funèbres… » Des aberrations !!! N’est-ce pas triste qu’il en soit ainsi et qu’on laisse les gens dans leur ignorance légendaire bien que sous nos yeux et partout dans le monde tout le monde soit confronté aux affres de ce phénomène ?
A quel moment l’élite africaine en général et celle béninoise en particulier va-t-elle prendre ses responsabilités et travailler sincèrement pour le bonheur de nous tous, pour le bonheur de la grande masse des paysans qui nourrissent le monde ?
A quel moment l’élite et les gouvernants diront-ils ce qui est vrai et feront-ils ce qui est vrai pour les populations, y compris pour les braves personnes qui vivent de la terre et qui nous nourrissent ?
Gigo Clément SAGBOHAN
Directeur Exécutif / ONG VOLDEB